Au XVIIe siècle, la Rome moderne, celle que nous connaissons aujourd’hui, était en passe d’être achevée. Jules II avait fait rebâtir la basilique Saint-Pierre, Michel-Ange l’avait couronnée de la plus grande coupole jamais construite, Maderna finissait de la bâtir et Le Bernin allait terminer de l’aménager. Dans la ville, après les travaux d’urbanisation de Sixte Quint, les plus renommés bâtisseurs du temps érigeaient ou reconstruisaient des palais, des églises, des couvents à l’image de la grandeur retrouvée de Saint-Pierre.
En musique, parallèlement à la naissance du style « représentatif » qui au nord de l’Italie fonderait l’opéra et dans la cité romaine l’oratorio, se développait un
genre proprement romain que les historiens appelleraient plus tard le « Baroque colossal ». Les derniers compositeurs de la Renaissance comme Palestrina ou Victoria avaient déjà ouvert la voie en
introduisant la polychoralité dans leurs œuvres, mais en se limitant le plus souvent à deux chœurs. C’est au XVIIe siècle que se développèrent des techniques particulières d’écriture
permettant aux compositeurs de multiplier les chœurs, et à la musique d'être aux dimensions des édifices qu’elle devait habiter, tout en créant de saisissants effets de spatialisation. La musique
avait fini par sonner à l'unisson de l'architecture.
Le plus grand représentant de ce courant, le compositeur qui dépassa les techniques et donna ses lettres de noblesse à ce « baroque colossal » fut Orazio Benevoli. Fils d’un pâtissier français
installé à Rome, Benevoli après s’être formé à la maîtrise de Saint-Louis des Français, entrepris une carrière de maître de chapelle qui le mena des grandes paroisses romaines jusqu’à la plus
prestigieuse : La Cappella Giulia, la chapelle musicale de Saint-Pierre-de-Rome.
Composée à la fin de sa vie en 1666, la messe Tu es Petrus est l’une des plus belles de son auteur, à la fois synthèse des recherches expérimentales de cette époque sur la polychoralité, et
d’un classicisme de la maturité par sa référence à Palestrina. Messe parodie, elle tire son matériau musical du motet Tu es Petrus de Palestrina, véritable hymne des papes, « Tu es Pierre et
sur cette pierre… ». La messe en constitue un gigantesque développement pour 16 voix réparties en 4 chœurs. Benevoli y use de tous les contrastes possibles : dialogue entre les chœurs, développement
thématique, spatialisation.
PROGRAMME
Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594)
Motet Tu es Petrus, à 6 voix
Orazio Benevoli (1605-1672)
Missa Tu es Petrus (1666), à 16 voix
Motets
EFFECTIF
16 chanteurs, 4 continuistes, 1 chef